Dans une vie qui défile à 100 à l’heure, la réponse actuelle pour recouvrer une sexualité épanouissante est la lenteur !
Dans notre course quotidienne, nous oublions parfois que le tempo de notre corps ne s’adapte pas aussi bien que nous le pensons au rythme effréné que nous lui faisons subir. Nous sommes devenus, au fil de l’évolution, des êtres très mentaux et ce, même dans l’intimité, où le calme et la lenteur devraient être plus souvent de mise.
Bien souvent, nous utilisons la sexualité pour évacuer le stress qui nous submerge. Pour cela on recherche un moyen rapide, quand même agréable, avec la sexualité de friction, pour relâcher la tension et atteindre rapidement un orgasme qui peut être qualifié “d’orgasme de décharge”
Si bien qu’un rapport sexuel ne dure, en moyenne, pas plus de 5.4mn, entre le moment de la pénétration et jusqu’à l’orgasme éjaculatoire de l’homme, alors qu’il faut en général un minimum 20mn pour que la femme atteigne un état propice à l’orgasme, qu’elle n’obtient en général que dans 30% des cas !
Nous avons évolué pour devenir des êtres très mentaux, même dans notre vie privée, où le calme et la lenteur devraient plus souvent être à l'ordre du jour.
Elise : qu’est-ce que le slow sex exactement ?
Christian : c’est le cœur de notre approche dans la Sexualité de Pleine Conscience. Le slow sex vient en contrepoint à la sexualité de friction. Il s’agit essentiellement d’une sexualité énergétique, c’est-à-dire que l’on ressent son corps dans sa totalité, dans ses sensations et ses émois,que l’on ressent et fait croître en soi le flux énergétique pour le transmettre et le faire circuler entre les deux partenaires (parfois trois).
Il y a dans le slow sex, une volonté de ne pas chercher à atteindre un but précis, l’orgasme. Il s’agit d’emprunter un chemin différent. Ici, le pic de l’orgasme final extraordinaire, qui est généralement très cours (10 secondes en moyenne pour un homme et de 30 secondes à 2 minutes pour une femme) est remplacé par un lent cheminement pour atteindre un état de transe orgasmique. La transe orgasmique est un état sensoriel intense, durable et diffus qui amène à redéfinir l’orgasme et ce qu’il représente pour nous. Cette transe est durable dans le sens ou elle peut s’étendre sur un temps indéfini et répété à l’envie. Diffus, dans le sens ou la sensation orgasmique grandit à travers tout le corps et fluctue selon les sensations procurées au contact de l’autre.
Cette transe orgasmique est accessible autant aux femmes qu’aux hommes. Il s’agit d’apprendre au préalable, de ne plus voir l’orgasme éjaculatoire comme un aboutissement de l’acte sexuel masculin et en parallèle de redécouvrir son corps et le potentiel infini des sensations qui peuvent naître en le partageant.
Elise : Quels sont les recommandations pour pratiquer le slow sex ?
Christian : On peut dire qu’il y a 5 recommandations pour une bonne pratique du slow sex.
Premièrement, éviter d’être dans le mental : que ce soit à travers les images mentales, la planification sur comment atteindre l’orgasme, ou comment satisfaire notre plaisir ou celui de notre partenaire. Il s’agit d’être avant tout dans le moment présent.
Deuxièmement, cela peut paraître paradoxale, mais il est important de se centrer sur soi. C’est-à-dire être à l’écoute de son ressenti, de ses besoins et de ses perceptions sensorielles les plus subtiles. Chacun doit se focaliser sur son bien-être avant même de se focaliser sur celui de son partenaire.
Puis, être attentif sur le ressenti que nous procure ce contact. Ce ressenti se situe à 2 niveaux. Au niveau du toucher que l’on reçoit et au niveau du toucher que l’on exerce sur l’autre. Ne pas être attentif aux effets que cela produit chez l’autre, mais aux sensations que l’on capte en soi. C’est en fait se demander : qu’est-ce que je reçois comme information lorsque je donne ou lorsque je reçois ce toucher.
Finalement, nous ne le répéterons jamais assez, c’est avant tout ne pas avoir de but à atteindre. Ainsi, la transe orgasmique dure beaucoup plus longtemps. Il faudrait presque ne pas avoir envie de faire l’amour de prime abord. Ainsi la séduction et le plaisir se bâtissent et s’entretiennent, comme un feu que l’on construit en plein hiver, à partir de petites branches et feuilles sèches et que l’on cherche à maintenir pour rester au chaud. Car lorsque l’on a très envie (de l’autre), le feu se consume déjà en nous et il ne faut pas grand-chose pour qu’il explose puis s’éteigne.
On devrait presque ne pas avoir envie de faire l'amour en premier lieu. Alors la séduction et le plaisir se construisent et s'entretiennent, comme un feu que l'on fait en plein hiver, à partir de petites branches et de feuilles sèches que l'on essaie de garder au chaud.
Elise : concrètement quels sont les bénéfices du slow sex ?
Christian : comme nous l’avons expliqué précédemment, le slow sex permet d’entrer dans un état de transe orgasmique. Les sensations et la chimie interne qui en découlent agissent ensemble pour se sentir plus détendues, elles fonctionnent comme un anti-stress. Il y a un sentiment de plénitude pendant et après le rapport. Les partenaires se sentent également plus alignés et connectés. Alors que l’orgasme traditionnel tend à réduire notre énergie et accroître notre fatigue, le slow sex au contraire permet de ressentir plus d’énergie, de confort physique et de dynamisme. A long terme et de manière qualitative, le slow sex améliore la qualité du sommeil ainsi que la concentration et élimine certains états dépressifs. En effet, nous avons constaté qu’il désinhibe notre créativité et notre esprit d’initiative (par l’exploration des corps et des sensations) et permet ainsi d’accroître notre optimisme et notre joie de vivre. De plus, la connexion renforcée ressentie auprès de son partenaire permet une meilleure stabilité de l’humeur et améliore le sentiment de confiance en soi.