Malgré une conscience croissante de la sexualité et de ses bienfaits, particulièrement depuis les années d’après-guerre avec un point culminant dans les années 70 avec la « libération sexuelle”, on se retrouve, encore aujourd’hui, à avoir, pour la plupart d’entre nous, une vision étriquée de ce qu’est l’accès au plaisir. Parfois confinés et contraints dans des phases d’insatisfaction et frustrations latentes, on peut se demander s’il est alors possible de jouir des fruits d’une sexualité infiniment délectable.
Extrait de la série d’interviews d’Élise Di à Christian @La Casa Dorada.
Elise: D’où proviennent les insatisfactions sexuelles ?
CHRISTIAN: il y a plusieurs raisons à cela.
Tout d’abord lorsque l’on parle de sexualité, la pénétration est presque toujours dans la ligne de mire. Et lorsque l’on sait qu’environ 70% des femmes ne prennent pas ou peu de plaisir lors de rapports pénétratifs, il n’y a rien d’étonnant, à ce qu’une très large partie de la population soit dans la plainte d’une sexualité limitée et très peu nourrissante.
Mais pour en revenir aux raisons formelles, je dirais en premier lieu, qu’il s’agit dans la majorité des cas, d’un réel manque de communication. Avec soi-même dans un premier temps,car il nous est bien souvent difficile de définir nos propres désirs, de les conscientiser et même parfois de les accepter.
...l’on sait qu’environ 70% des femmes ne prennent pas ou peu de plaisir lors de rapports pénétratifs...
Mais également avec son ou sa partenaire, avec qui il est encore plus difficile d’exprimer ses besoins et ses envies. Outre le conditionnement social, qui nous limite sans que nous en soyons conscient, les raisons de ce manque de communication viennent souvent du fait que nous pensons, à tort, que notre partenaire va prendre ce qui n’est qu’une information de notre part, comme un jugement. Alors qu’exprimer nos désirs et nos besoins est le point de départ vers une sexualité épanouie.
Au passage, je voudrais signaler, que le simple fait d’avoir la possibilité de s’exprimer est déjà un grand pas pour combler le sentiment d’insatisfaction. S’exprimer pour être entendu. C’est déjà beaucoup. Il est possible que le partenaire ne puisse pas ou ne veuille pas exaucer nos vœux, mais le simple fait de le dire est énormément libérateur et satisfaisant.
La possibilité de s’exprimer est déjà un grand pas pour combler le sentiment d’insatisfaction.
La seconde raison : c’est que l’on a beaucoup trop d’attente ! On attend que notre partenaire devine ce qui va nous combler, alors que nos propres besoins sont flous. On attend que l’expérience nous conduise forcément à l’orgasme, alors que parfois l’autre souhaite simplement rester dans un moment de tendresse.
C’est aussi une question de tempo, car le flot d’énergie ne va pas dans le même sens et au même rythme pour les femmes que pour les hommes. Sans oublier qu’il faut souvent plus de temps aux femmes pour commencer à ressentir du plaisir.
ÉLISE: Alors comment sortir de l’insatisfaction sexuelle ?
CHRISTIAN: rechercher l’orgasme, c’est la meilleure façon de ne pas le trouver.
Même si elle n’est pas dite, voire totalement inconsciente, cette intention est presque toujours à l’origine d’une interaction sexuelle et ce pour chacun des partenaires. Il y a une sorte d’obligation de résultats qui s’immisce dans ce moment précieux et intime.
A contrario, il est nécessaire d’apprendre à s’engager dans l’intimité sans attente, sans but. Rester attentif au moment présent, être dans le ressenti de soi et de l’autre. Cela implique de ne pas être dans le mental, du tout, mais dans le corporel, intensément.
Rechercher l’orgasme, c’est la meilleure façon de ne pas le trouver.
Je ne suis pas totalement d’accord avec cet adage largement répandu qui dit que le premier organe sexuel est le cerveau. En effet, il s’y passe tellement de choses, en dehors de la chimie, et l’égo y joue un rôle tellement important, que l’on est quasiment sûr de ne pas vivre le moment présent avec toute l’attention et l’intensité qu’il mérite. Il me faudrait un peu plus de temps pour développer ici cette assertion, je le ferais prochainement.
Il est important de dire, qu’avant d’arriver à une satisfaction avec son partenaire, il est primordial d’apprendre à l’atteindre seul(e). Ça passe par l’éveil de son propre corps, par l’auto-exploration, afin de mettre des mots sur son plaisir et ainsi pouvoir guider l’autre. Car si l’on est insatisfait de soi-même, il y a peu de chance que l’on soit avec son partenaire.
... chacun est responsable de son propre plaisir !
L’insatisfaction s’installe aussi avec le temps. Passé la phase « Lune de miel », on s’accoutume de certaines habitudes amenant une monotonie qui n’a rien d’attractive. Une insatisfaction qui se transformera à terme en frustration, agissant tel un sevrage. De là, né un réel manque et de cette frustration, naissent des problématiques émotionnelles, psychiques et somatiques. Être dans la volonté de se transcender et de se réinventer, voilà la clef !
ÉLISE: Qu’est-ce la frustration sexuelle peut provoquer ?
CHRISTIAN: la frustration peut largement remettre en question le couple. Et parfois amène l’un des deux à aller voir ailleurs, pour ressentir à nouveau cet effet “Lune de miel” propre à toute relation naissante. Mais bien souvent cet écart ne tardera pas à tomber dans les mêmes schémas d’insatisfaction, ajoutés à un sentiment de culpabilité.
Ou bien le couple reste soudé car il y a beaucoup d’amour, et va être amené à explorer des formes de sexualité plus ludiques, comme le BDSM par exemple, ou à inviter d’autres personnes au sein du couple.
La frustration peut largement remettre en question le couple.
J’invite mes clients à faire ces expériences lorsque ceux-ci semblent y être ouverts, car cela permet d’établir un dialogue, ouvre le champ des possibles. Ces expériences remettent les choses en perspective, au sein même de l’intimité, questionnent en permanence les besoins de chacun, ce qui est une bonne chose ! Même s’ il n’y a pas de passage à l’acte, on a ouvert les fenêtres et fait entrer de l’air frais, et c’est déjà énorme!
Une autre cause de l’insatisfaction qu’il est important de mentionner, c’est les douleurs lors des rapports sexuels.
Tout cela peut faire que les rapports vont s’espacer et jusqu’à disparaître.
Nous proposons différentes solutions pour faire face à ces problématiques d’ordre physique ou psychique, à la fois pour les hommes et pour les femmes. Et l’avantage des ces propositions et qu’elles sont, non seulement réparatrices ou curatives, mais qu’elles impliquent de nouvelles façons d’être et d’agir dans l’intimité, en retissant doucement les liens d’un amour qui à pu s’effilocher avec le temps.
En re-définissant sa propre échelle du plaisir, on apprend à le ressentir plus précocement et de façon plus intense. C’est par une lente progression que l’on va rentrer dans le plaisir, jusqu’à ne faire plus qu’un avec lui.